Paradis, me voilà ! [Reita]

Dire à Yuichi qu’il y a un parc d’attraction non loin d’où il vit, ça relève du suicide. Et pourtant, le jeune homme a réussi à l’apprendre par je ne sais quel moyen. Heureusement, personne ne lui a dit en face, sinon je n’imagine même pas l’état ce celle-ci ni celui de ses tympans. Enfin, le principal dans l’histoire c’est que Yu a réussi à apprendre qu’un parc d’attraction était présent près de lui. Comment avait-il fait pour ne pas être au courant plus tôt ? Ca, c’était un vrai mystère. Mais bon, maintenant qu’il était au courant, il ne pouvait rien faire d’autre que d’y aller, il était obligé. Bon d’accord, personne ne le forçait, mais comment pouvait-on refuser d’aller au paradis, vous m’expliquez ? Impossible. Ah oui, les parcs d’attraction sont synonyme de paradis avec Yu, tout comme les boutiques. Donc le blondinet avait décidé que le lendemain, comme il n’avait pas cours, il irait.

Yu qui avait envie de profiter de toute une journée au parc d’attraction, c’était loupé. En effet, il était déjà onze heures passées quand il se réveillé, le soleil venant l’éblouir. Méchant soleil ! Ah, non en fait ! Très, très gentil soleil. Eh oui, si il pleuvait ce serait beaucoup moins amusant d’aller au parc. Quand même, il aurait aimé rester plus longtemps à dormir. Une vraie marmotte. Enfin, il se leva tout de même, déjà un sourire planté sur ses lèvres. Yuichi se dirigea ensuite vers la salle de bain, histoire d’être propre et de se réveiller au passage. A la recherche des vêtements maintenant, la chose la plus difficile certainement. Et encore plus quand on voit la masse d’habits dans l’armoire du blond. Après une bonne dizaine de minutes à réfléchir, il enfila un pantalon rose fushia ainsi qu’un t-shirt vert pomme, le tout pas trop près du corps, comme tous ses habits.

Le blondinet mangea un peu, histoire de ne pas partir le ventre vide, puis attrapa un lapin en peluche qui lui servait de sac à dos. Il y rangea de l’argent, parce que sinon il n’irait pas trop loin, son portable et son MP3 puis le mit sur son dos. Il enfila des chaussures assez simples, noires, à semelles compensées puis partit pour la ville. Et surtout pour le parc d’attraction, évidement. Il ne lui faut pas très longtemps pour arriver au paradis. Un tas d’attractions partout, tout autour de lui. Si c’est pas merveilleux tout ça, tout simplement sublime.

Là bas ! Une énorme peluche Hello Kitty ! Le rêve ! Il lui faut absolument, il ne pourra pas survivre si il n’arrive pas à l’avoir ! Hum. Yu, tu en fais peut-être un peu trop là, hein. Enfin, le blondinet se précipite donc vers l’objet convoité, ne le quittant pas des yeux. Han ! C’est une pêche aux canards en plus, c’est un vrai pro Yuichi à ce jeu, imbattable. Je déconne ? Non, pas du tout. Regardez, il suffit de quelques minutes au jeune homme pour qu’il se retrouve avec la fameuse peluche entre les bras. Et tellement occupé à l’admirer, et à se vanter au passage, voilà qu’il fonce dans quelqu’un. Hop, les fesses par terre. Heureusement il n’a pas salit sa peluche. Il se relève tant bien que mal, époussetant son postérieur et massant légèrement ses muscles. Ah oui, il avait presque oublié qu’il avait quelques problèmes de santé, mince. Enfin, il reporte son attention sur la personne qu’il a bousculée. Toujours poli, il s’incline légèrement tout en prenant la parole.

« Gomen, je regardais pas où j’allais … »

S’il y avait bien quelque chose qu’Akimoto Reita n’était pas à même de supporter, c’était la foule.

*Mais qu’est-ce que je peux bien faire ici… ?*

Reita poussa un soupir, se passant une main dans les cheveux, alors qu’une énième personne le bousculait sans s’excuser. Il l’observa s’éloigner, le fusillant du regard, et tenta de s’avancer ne serait-ce qu’un peu dans le regroupement compact d’êtres humains dans lequel il se trouvait. Pas facile, pas facile du tout, puisqu’en effet, chacun étant attisé par ses propres désirs, il ne prenait nullement garde à son prochain, quoi qu’il arrive.
C’était le principe même du parc d’attraction.

Nouveau soupir. Lui qui avait simplement souhaité se prendre un petit encas, c’était raté. Il fallait dire qu’il avait été alléché par une sacrée bonne odeur, et s’était laissé avoir. Maintenant qu’il avait payé pour entrer dans ce parc – juste pour manger une pâtisserie, quelle idée – il n’allait pas en ressortir dans l’immédiat. Autant en profiter un peu – où étaient les stands de tir à carabine ?

*Par contre, sacré soleil. Qu’est-ce qu’il tape…*

Le Japonais ôta machinalement sa veste sous le regard particulièrement intéressé de quelques jeunes femmes qui passaient par là – il leur fit un clin d’œil. Malheureusement, elles étaient accompagnées – quelle ineptie. Levant les yeux au ciel, il fit passer le vêtement sur son épaule dénudée et s’éloigna promptement. Se félicitant au passage de s’être vêtu de manière plutôt légère ; heureusement qu’il n’avait plus que des sans-manches dans son placard.
Bon.

*Peut-être aurais-je l’occasion de faire de charmantes rencontres, qui sait ? C’est tout à fait le genre de lieux pour ce genre d’occasion.*

C’était bien entendu sans compter les couples, et les familles, bien entendu. Ce qui réduisait nettement son champ d’action, mais il restait néanmoins des possibilités assez larges. Bien qu’il soit plus difficile d’aborder les groupes d’amis – quoique cela n’empêchait pas certaines entités de ce genre de catégories de s’isoler.
Pensif, Reita parcourait les lieux, envisageant un panel de situations, et songea par la même occasion qu’il était bel et bien un Playboy. Décidément, on ne se refaisait pas.

*Première chose, me défouler avant, cela dit. Je disais donc le tir de carabine…*

Alors qu’il se glissait dans la foule, l’étudiant vit quelque se diriger droit vers lui – et n’en crut pas ses yeux.

Hello Kitty scindait la foule, la bousculant, l'écartant...

*Pardon… ?*

Si, si, effectivement, c’était bien cela. Hello Kitty, en tissu et en rembourrage, se précipitait vers lui comme une entité vivante. Il lui fut impossible de l’éviter.

*Evidemment, c’est sur moi que ça tombe. Attention… Impact.*

Et impact il y eut. Bien minime à ce qu’il avait prévu, cela dit, et il fut plutôt étonné de voir la peluche géante s’effondrer sous son nez. Autour d’eux, la foule se dissipa un tant soit peu comme si de rien n’était, et il s’aperçut qu’il ne s’agissait nullement d’une Hello Kitty vivante, mais simplement d’un jeune individu qui la portait.
Si blond et si pâle qu’il crut d’abord avoir affaire à un fantôme. Ou un ange peut-être. Pourtant il s’agissait bel et bien d’un être comme lui, puisqu’il l’avait percuté – du moins il l’espérait. D’ailleurs la faiblesse du choc l’avait surpris, mais cela dit, vu la carrure du jeune homme – il en avait l’air du moins, mais en était-ce réellement un ? – ça avait l’air beaucoup naturel.
Le dit jeune homme se releva comme si de rien n’était. S’épousseta comme par habitude, sembla en prime abord vérifier l’état de la peluche. Reita quant à lui n’avait pu que s’immobiliser, et l’observait avec perplexité – qui grandit par ailleurs lorsque l’individu s’inclina pour s’excuser.

-Gomen, je regardais pas où j’allais …

Le Japonais arcqua un sourcil. A moins que l’autre n’ait immédiatement, sans même le regarder, observé qu’il était originaire de la contrée du soleil levant, il en était lui-même.

*Quelle coïncidence.*

Il répondit néanmoins en coréen – inutile de se faire remarquer.

-Il n’y a pas de souci. Ce serait plutôt à moi de m’excuser, vu que c’est vous qui êtes tombé. Pas trop de mal, j’espère ?

Le dévisageant, Reita réalisa qu’il s’agissait plutôt d’un individu charmant. Sa fragilité se dégageait à même son visage avec une délicatesse qu’il n’avait encore croisé que trop peu. Sa pâleur et sa blondeur elles-mêmes avaient quelque chose de relativement plaisant. Machinalement, il ne put s’empêcher de tendre la main pour laisser glisser son index le long du menton de ce dernier, avant de réaliser un peu tard qu’il allait peut-être un peu loin.
Après tout, il s’agissait d’un inconnu et lui-même n’était pas spécialement d’un type gentillet, surtout de vue.
Mine de rien, il désigna la peluche que l’inconnu en question tenait entre les bras.

- Si je puis me permettre, c’est une très bonne prise que vous avez là.

*Même s’il ne s’agit pas tout à fait du genre d’objet que je tenterai de gagner, certes.*

Il lui sourit, réajustant machinalement son cache-nez du majeur.

-Cela dit, j’ai bien peur que vous ne finissiez par le salir. Si je puis me permettre de vous escorter, et par la même occasion, le porter ?

Cette rencontre était peut-être la bonne, qui sait. Sa journée n’était peut-être pas aussi ratée qu’elle en avait l’air ?

Reita l’espérait sincèrement.

Non, non, ce n’est pas une Hello Kitty vivante qui se promène dans la foule. C’est le petit Yuichi qui vient de gagner la merveille à la pêche aux canards. Il avait d’ailleurs dégoûté plusieurs enfants au passage – principalement des petites filles – qui désiraient aussi gagner l’objet. Mais non, Yu ne vous le donnera pas, ne rêvez pas trop non plus. Même pour un beau jeune homme il refuserait, alors imaginez pour des petites filles, ce n’est même pas la peine. Non, c’est sa peluche et que la sienne, non mais. Vous avez cas être meilleurs à la pêche aux canards, entraînez vous. Il ne faut pas croire que ça c’est fait du premier coup pour Yu. Quoi qu’il n’en a pas fait énormément dans sa vie, seulement les fois où de petites fêtes étaient organisées à l’hôpital pour les enfants. Et puis un peu plus depuis deux ans, aussi, depuis qu’il pouvait enfin sortir complètement.

C’était si prévisible que ça, qu’il allait bousculer quelqu’un ? Vous me direz, avec Yu c’est plutôt courant. Quand il ne heurte personne dans une journée ou ne tombe pas, c’est presque extraordinaire. C’est pratiquement impossible d’être aussi maladroit que lui, il faut vraiment le vouloir pour l’être. Et il avait le don de se cogner toujours à de grandes personnes bien plus fortes que lui, et ainsi de se retrouver au sol. Ah oui, la langue. Ca il n’y avait pas pensé, ce « gomen » était venu tout seul. Il ne faut pas lui en vouloir, il a encore un peu de mal à ne plus parler du tout le japonais. Mais il fait des efforts, il prononce de moins en moins de mots en sa langue maternelle. Parce que quand il était juste arrivé, c’était une catastrophe. Toujours à répéter ses phrases en coréen après les avoirs dites en japonais, oubliant presque qu’il n’était plus dans son pays d’origine maintenant.

« Aaaah, désolé ! Je dis toujours quelques mots en japonais, je ne fais pas exprès. Non, non, non, ne t’excuse pas, c’est moi qui t’ai bousculé. Bah, ça va, j’ai l’habitude de tomber. »

Pourquoi tu vas passer là, Yu ? Un japonais qui oublie qu’il n’est plus dans son pays, qui veut absolument remettre la faute sur lui et qui tombe tout le temps. Il faut dire qu’avec le peu de muscles qu’il à, il y a des situations où c’est plutôt dur de rester sur ses deux pieds. Hum. Il fut quand même un peu surprit en sentant le doigt de l’autre jeune homme glisser le long de son menton. Mais après tout, il n’allait pas empêcher un beau jeune homme de faire un tel geste. Le blondinet n’est pas un coureur de pantalons pour rien. Parce que malgré que l’inconnu n’inspire pas spécialement la confiance, Yuichi ne pouvait pas nier qu’il était très beau. Et puis de toute façon, il s’en fiche, lui il accorde sa confiance à tout le monde, il aime tout le monde. Même si il a un peu de mal avec les filles, quand même. A la remarque sur sa peluche, il s’empressa de la serrer plus contre lui.

« Oui ! Mais c’est la mienne, que à moi ! Mais c’était facile, les autres ils sont nuls à la pêche aux canards ... »

Euh oui, Yu parle bien des deux ou trois autres gamins qui voulaient la merveille qu’il tenait dans ses bras. Eh, ce n’est pas de sa faute si c’est un pro, hein. On est doué ou on ne l’est pas. Hum, Yu. Arrête un peu de te vanter, quand même. Oh ! Le blondinet venait de remarquer le cache nez sur le visage de l’autre jeune homme – oui, il n’avait pas fait très attention avant qu’il le remonte – c’était plutôt classe, quand même. Vive les gens qui ont du style, d’abord ! Gentille proposition, surtout de la part d’un beau garçon. Mais Yuichi ne donnera pas sa peluche, il a beau faire facilement confiance, c’est son lot à lui qu’il a gagné. Non mais. Enfin, quand même, cet inconnu n’a pas l’air très attiré par tous les trucs enfantins, si ? Mais si il comptait la revendre ? Ah non hein, surtout pas !

« Hum. Ok … mais que si tu me la vole pas, hein ! Parce que c’est moi qui l’ai gagnée, d’abord ! Au fait, moi c’est Yuichi ! Tanaka Yuichi. »

-Aaaah, désolé ! Je dis toujours quelques mots en japonais, je ne fais pas exprès. Non, non, non, ne t’excuse pas, c’est moi qui t’ai bousculé. Bah, ça va, j’ai l’habitude de tomber.

Fragilité et force à la fois. Reita ne pouvait nier que ce mélange de caractère, dont il n’avait jamais soupçonné l’existence, s’était incarné de manière plus qu’étrange sous son nez. Et indéniablement, il n’avait pour le moment rencontré plus fascinant que cette créature-là.
Pourtant, la plupart de ses précédentes –et nombreuses- rencontres ne manquaient pas de charme, mais elles ne dépassaient guère la beauté éphémère, qui se fânait au petit matin. Il lui semblait bien que la sienne, elle, au contraire, semblait destinée à perdurer au delà de tout.
Sa blondeur artificielle, sa pâleur, son regard, ses propos, même… L’aura irréelle que dégageait l’autre avait véritablement quelque chose de troublant qui n’était sans déplaire à Reita. Cette rencontre hors du commun promettait.

-Il n’y a pas de problème, je suis plutôt ravi de rencontrer ici un individu originaire de la même contrée que la mienne.

Enfin, de la même contrée…

*Rien n’est moins sûr.*

Puisqu’on disait parfois de lui-même qu’il était sorti des nimbes de l’enfer… Cela dit, ce n’étaient que de simples rumeurs qui couraient dans son dos. Heureusement qu’il n’était pas sourd.
Comme s’il avait entendu ses réflexions, son interlocuteur resserra brusquement sa prise autour de sa peluche, d’une poigne qu’il croyait probablement être ferme et inflexible. Il y avait pourtant quelque chose d’incroyablement dérangeant dans ses yeux devenus défiants. Arrogants et protecteurs. Une telle détermination…

-Oui ! Mais c’est la mienne, que à moi ! Mais c’était facile, les autres ils sont nuls à la pêche aux canards ...

…Pour une peluche. C’était étonnant, et pourtant Reita ne put s’empêcher d’en sourire. Ne parvenant ni à plaindre ni à mépriser cet être dont, pour le moment, l’unique centre d’intérêt était –ou le semblait seulement – le lot qu’il avait gagné. Sa fierté.
Ne parvenant à oublier le manque de réaction à son toucher, le Japonais ne put que réitérer l’expérience.

*Ou suis-je simplement en train de succomber à la tentation ? *

Ses doigts s’égarèrent à la tempe de l’inconnu, avant de s’échapper dans sa chevelure si particulière – irréelle.

-Je m’avoue moi-même peu doué à ce jeu compliqué ; les pauvres ne savaient sans doute pas qu’ils avaient affaire à un très bon joueur.

Il ne mentait pas. Reita n’avait jamais été très doué à ce jeu. Sans doute la brusquerie de ses gestes en était-elle la cause. C’était également pour cette raison qu’il préférait le tir à la carabine.
Tellement plus agréable à l’oreille.

On commença légèrement à les bousculer. Visiblement, la population s‘agaçait de ces obstacles impromptus qui, au beau milieu de nulle part, discourait comme si de rien n’était. C’est avec un léger soulagement que le Playboy, qui avait soupçonné son interlocuteur de refuser son invitation, l’entendit s’y soumettre.

-Hum. Ok … mais que si tu me la vole pas, hein ! Parce que c’est moi qui l’ai gagnée, d’abord !

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire amusé. L’autre avait réellement l’air de tenir à son chat caricatural.

-Je promets de ne pas attenter aux liens profonds qui vous unissent.

Il leva la main, paume tournée vers son compatriote, comme pour lui montrer patte blanche. Avant d’approcher ses doigts avec délicatesse de la peluche. Comme de peur d’effaroucher son propriétaire s’il se montrait trop brusque. Lentement, il finit par extirper des bras possessifs du blond sa « bien-aimée » Kitty.

-Et voilà ! Je vous le rends à notre retour, promis.

Reita lui noua sa veste autour du cou avant de la tenir sous son bras. Elle était un tant soit peu encombrante, mais son poids était des moindres, et elle risquait sans doute bien moins auprès de lui que dans les bras frêles de son propriétaire.

-Au fait, lui signala ce dernier, moi c’est Yuichi ! Tanaka Yuichi.

Tanaka Yuichi… C’était un nom qui lui plaisait bien. Ou était-ce l’individu en lui-même, il ne le savait guère, mais il le retiendrait.

-Eh bien, Yuichi… Akimoto Reita, enchanté.

Il sourit, lui effleurant la joue. Tenté par cette chair blanche et sa douceur. Résistant à l’envie d’y porter ses lèvres – de le mordre. Se faisant violence pour n’en rien faire, il s’approcha du Japonais pour poser sa main libre sur son épaule, de crainte qu’il ne soit emporté par la foule.
Ne put néanmoins s’empêcher de se pencher sur lui.

-Alors Yuichi, où aurais-je l’honneur de vous escorter ? lui murmura-t-il à l’oreille, alors qu’autour d’eux l’on continuait à se bousculer.

[J'suis désolé, c'est n'importe quoi.
mais pour ma défense, j'ai sommeil x) ]

Originaire de la même contrée ? Donc ce jeune homme qu’avait bousculé Yuichi était un japonais. Génial, ça allait aider pour les quelques mots qu’il avait parfois tendance à prononcer dans sa langue maternelle. Parce que quand même, ça devenait assez énervant de répéter la même chose à chaque fois, même si ça arrivait de moins en moins souvent. Un fin sourire arquait ses lèvres, toujours de cette manière enfantine qui le rendait si attendrissant. Qui pouvait résister face à ses airs de gamin ? Personne, certainement. Même ce jeune homme face à lui, qui paraissait plutôt imposant de par sa taille et ses muscles bien plus développés que le blondinet, semblait captivé par le visage de Yu. Voir même par Yu, simplement. Qu’avait-il de fascinant ? C’était une bien bonne question. Il n’arrivait pas à voir ce que les autres lui trouvaient, mais une chose était sûre, il ne s’en plaignait pas.

Effectivement, à l’instant même, Yuichi croyait son étreinte plus forte que qui que ce soit. Il en oublierait presque ses problèmes au niveau de ses muscles, comme si il était devenu l’être le plus fort qu’il puisse exister. Yu, t’es vraiment bizarre quand tu t’y mets. Il aime les peluches, et particulièrement Hello Kitty, c’est pas sa faute … si ? Bon ok, être aussi gamin à dix-huit ans, c’est peut-être un peu étrange, mais n’est-ce pas ça qui fait son charme après tout ? Mais ce lot n’était plus l’unique centre d’intérêt du blondinet. Non, maintenant qu’il avait un beau jeune homme, qui plus est gentil, il n’allait pas le laisser filer comme ça. Certainement pas. Avec un peu de chance, Yu aurait droit à sa dose de tendresse. Ca faisait d’ailleurs un moment, qu’il n’en avait pas eu, maintenant. Et de plus, cet inconnu – malgré son air assez imposant – semblait doux. Ses traits étaient agréables à regarder et sa peau devait l’être tout autant à caresser. Yu, tu t’emportes. Mais il ne pouvait s’en empêcher.

Et une fois de plus, les doigts de l’autre jeune homme effleurèrent sa peau. Un petit frisson parcouru Yuichi, qu’est-ce qu’il pouvait apprécier cette douceur dans les gestes de autres. Sentir cette légère chaleur venir se faufiler dans ses cheveux. Si il n’était pas si absorbé par le jeune homme face à lui, le blondinet serrait sûrement venu caresser du bout de ses fins doigts la peau de l’autre. La découvrir. Est elle chaude ? Douce ? Ou au contraire ? Voudrais-tu me laisser la connaître. Non, pour une fois Yu reste plutôt sage. Il se contente de se laisser faire, profitant simplement de ce petit moment de tendresse. Peu doué à la pêche au canards ? Pourtant, ce n’était pas comme si c’était si compliqué que ça. D’un coup, on aurait presque pu voir des étoiles dans les grands yeux enfantins de Yuichi. Son côté d’éternel gamin reprenait le dessus sur le coureur de pantalons.

« Tu veux que je te montre, pour t’améliorer ?! »

Le tir à la carabine … le blondinet n’avait jamais eu l’occasion d’en faire. Mais ce n’était pas ce qui l’intéressait le plus, pour tout dire. Ne sachant pas du tout viser, ce serait le genre d’attraction qui l’énerverait. Parce que oui, monsieur n’aime pas perdre. Pourquoi les gens sont-ils toujours si pressés ? Il n’y a pourtant pas tant de temps que ça que les deux jeune hommes sont arrêtés, si ? Il faut faire attention à Yu, en plus, sinon il risquerait de tomber une fois de plus. Un petit rire clair, s’échappa des lèvres de ce dernier alors que l’autre jeune homme face à lui promettait de faire attention à sa peluche. Il y a vraiment des gens étranges, tout de même. Et c’est toi qui dis ça, Yu ? Tu es plutôt mal placé. Enfin, il se décida à lâcher sa merveille pour laisser l’autre la prendre. Un regard légèrement méfiant au départ, mais qui se radouci ensuite pour redevenir celui d’un enfant tout heureux.

« Han, tutoies-moi s’il te plait, j’aurais presque l’impression d’être vieux sinon ! Reita … enchanté aussi ! »

Yuichi ? Paraître vieux ? Ca c’était une bonne blague. Si il y avait bien un garçon de dix-huit ans qui en paraissait au moins huit de moins, c’était bien lui. Reita, hein. Il retiendrait ce prénom sans problème, surtout maintenant qu’il a bien encré les traits de ce jeune homme dans sa mémoire. Des beaux, il en avait vu, mais des si intriguant, non. Une beauté si froide, distante, imposante et quelque part effrayante. Comment soupçonner un garçon aux gestes tendres et délicats là-dessous ? Yuichi n’a pas pu, en tout cas. Il veut en savoir plus, il veut percer le mystère de cette beauté si étrange, si contrastée. Perdu dans ses pensés, c’est la voix de Reita qui le ramène à la réalité. Où aller ? Ca, c’était une bonne question. Il fit donc le choix le plus simple possible.

« Ou tu veux ! Je t’en prie ! »

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